bandeau
A bon entendeur : MP3

Contact :

Marc Pinta-Tourret
rue Lino Ventura
"La Vigne, le Mas Cavaillé"
24200 Sarlat-la-canéda

Tel :
05 53 59 33 33
06 87 82 34 23

Entretien avec Ænthéos à propos de "Entre tes mains..."

Quel est l'historique de votre groupe, l'origine des musiciens et leurs éventuels antécédents ?

Ænthéos - Nous sommes un groupe sans histoire. Des déracinés de la musique. Bien sûr nous pouvons parler de rencontre, entre tel ou tel membre, mais c'est le cas pour tout groupe ; et ce n'est sans doute pas ce qu'il faut retenir. Chacun suit ses propres traces, la sphéricité de la Terre aidant, elles finissent par croiser celles d'un autre, d'une autre, qui, comme lui, tentait de précéder son destin. Mais encore faut-il qu'une authentique rencontre ait lieu, sur la base d'une idée.
Un groupe, en fait, c'est la concrétisation d'une idée, bien plus que l'histoire d'une rencontre. D'ailleurs il existe des rencontres qui valent pour elles-mêmes, et qui sont stériles. Si vous n'êtes pas portés, fécondés par une idée, il ne peut rien vous arriver.
Vous pouvez penser que nous biaisons, que nous ne répondons pas à votre question ; mais il faut prendre au sérieux le fait qu'une idée n'a pas d'histoire. Et, notre groupe n'est qu'une idée.
Nous comprenons qu'il faille parler de nous ; mais en quels termes. Que vous dire de plus, que vous ne sachiez déjà ; sinon que le batteur a subi quelques années de formation pianistique, qu'il a rencontré, il y a bientôt dix ans, un guitariste du dimanche; qu'ensemble ils sont à l'initiative du groupe. Que seul le clavier n'est pas autodidacte, que le bassiste a vingt ans et que la chanteuse est brune - comme sa voix. Mais tout cela est sans intérêt...

Quelle est la signification de votre nom ?

Ænthéos - Ce nom vient d'enthousiasme. Sans doute, pour peu qu'on s'intéresse à l'étymologie, un des plus beaux termes de la langue française ; d'origine grecque, composé de en qui signifie dedans, à l'intérieur, et de théos qui signifie, comme tout le monde sait, dieu ; enthusiasmos : délire sacré qui saisit l'interprète de la divinité. "transport divin" ou inspiration. Les anciens Grecs pensaient que certaines personnes étaient des intermédiaires, comme des interprètes de puissances supérieures ; la Pythie notamment, les musiciens, les poètes, les artistes en général. Mais, ce n'est, pour nous, qu'une belle vision de la fonction de l'artiste, et, c'est pourquoi nous avons ajouté un A privatif, celui de la négation et de l'objection, pour compenser l'aspect mystique, et, nous préserver du délire. Nous voulons bien faire l'expérience de l'inspiration, par exemple pour composer, ou en public lorsque nous partons en improvisation, mais nous n'avons pas besoin de dieu pour cela (même au pluriel : des dieux) : " La foi est plus belle que dieu " dit, dans une chanson, C. Nougaro. Ænthéos veut signifier l'expérience de la création qui relève, uniquement, de l'inspiration humaine, sans que dieu s'en mêle. C'est pourquoi les premières paroles chantées de l'album sont une invocation à l'Inspiration elle-même. En fait, c'est très simple!

Je sais que vous n'aimez pas qu'on dise de vous que vous faites du "progressif". Pouvez-vous définir votre musique pour nos lecteurs ?

Ænthéos - Il ne s'agit pas d'aimer ou non, car, au-delà de ceux qui aiment et de ceux qui n'aiment pas il y a Ceux qui accueillent - dont vous êtes.
Mais, nous pensons que le terme n'est pas ou plus approprié. Il ne faut pas, non plus, cracher dans la soupe, comme on dit (même s'il arrive trop souvent que le " progressif " soit de la soupe), sous prétexte de ne pas vouloir se laisser enfermer dans un quelconque style. Il y a dans ce genre musical des groupes superbes, qui ont ouvert des voies magnifiques, indépassables. Nous, très modestement, nous ne savons pas ce que nous faisons, " Ce que je fais m'apprend ce que je cherche.", écrit Pierre Soulages.
Cet été, par exemple, nous sommes allés dans différents festivals (Proglive, Royan) afin de présenter notre album, notre démarche ; nous avons toujours reçu un accueil très cordial de la part des organisateurs, des journalistes, presse et radio, des artistes. Somme toute, le milieu progressif est très ouvert - c'est sa raison d'être. Pour le groupe méconnu que nous sommes, c'est une expérience humaine indélébile.
Mais, il ne faut pas, à l'inverse, par une sorte d'effet pervers, être catalogué et réduit à la représentation étroite, schématique, d'un " rock progressif " passéiste et intello, telle qu'elle est colportée et entretenue auprès du grand public.
Si faire du progressif c'est faire feu de tout bois, être éclectique, traquer le musical sous toutes ses latitudes, toutes ses influences, alors nous faisons du progressif. Plus encore, si on entend par là une musique ouverte, qui, telle une voile, malgré les influences et les courants, peut nous tirer vers " nulle part " : le pays de nulle part, eu-topia, Utopie et son univers de rêves à raconter, à concrétiser ; alors nous acceptons.
Mais nous préférons, tout de même, parler de musique transversale.
Plus profondément, ce qui nous gêne dans l'appellation de progressif c'est le mot progrès lui-même. Au nom du progrès on justifie tout et n'importe quoi ; la musique n'y échappe pas. On adore, de nos jours le progrès comme une divinité suprême, prenons garde qu'elle ne soit pas une idole régressive.
Quant à notre musique, si elle est vraiment inspirée, elle n'est pas nôtre. Pleine de résurgences, elle obéit à une seule idée : mettre le son au service du sens ; tenter de concilier la musique amplifiée (mais une simple caisse de guitare n'est-ce pas déjà un ampli, et, que dire des nefs de cathédrale?), et les mots, la poésie. Comme dit la chanson " J'ai deux amours..." : la musique rock inspirée et la chanson française à texte. Nous travaillons à rendre possible cette union. Nous ne savons pas si nous y parvenons, si notre album en témoigne, mais nous cherchons.
Nous pensons, avec passion, que la poésie trouve son accomplissement naturel dans la musique ; et qu'une musique ne l'est vraiment que si elle est poétique. Bien sûr, cela n'a rien à voir avec une conception scolaire de la poésie, aseptisée, doucereuse et programmée. S'il faut dire "merde" en poésie, alors "merde" est un terme poétique. Poésie signifie créer, autrement dit, faire la nique à la production. Créer contre produire: voilà un beau combat !
La musique d'Ænthéos, nous le savons, est une gageure: contenir d'une même main la puissance instrumentale et l'intensité tragique du verbe, la pulsation démesurée du rythme et la scansion libre du chant, le tonitruant, l'absurdissant et le chuchoté, le psalmodié : créer, avec la musique, aux confins des mots, du silence...
Le propre de "notre" musique est donc sa recherche : rompre avec la séparation, entretenue, des paroles et de la musique; si vous voulez, il s'agirait d'arriver à faire de la musique avec des mots, de créer du sens avec des sons : jouer une musique qui parle une poésie qui chante.
En résumé, au risque de passer pour de prétentieux charlatans du verbe, il faudrait, , tenter une formule : Ænthéos cherche le " rock philosophal "...

On vous compare parfois à des groupes comme Ange, Pink Floyd, ... Que pensez-vous de cette comparaison avec des groupes des années 70 ?

Ænthéos - Sans tomber dans l'autosatisfaction, il faut bien reconnaître que c'est très gratifiant.
Les années 70 ont été extrêmement fécondes, car tous les artistes étaient portés, qu'ils l'avouent ou non, par une lame de fond, dont Mai 68 n'a été que l'écume. A l'origine, de cet énorme raz-de-marée culturel et spirituel, il y avait une idée salvatrice - naïve, pourtant, et déjà surannée, mais une vraie idée : " Peace and love ".
La mémoire de la folie destructrice des dernières guerres poussait l'imagination à assumer, pour une fois, librement sa force créatrice : " L'imagination au pouvoir.", pouvait-on lire sur les murs de Paris et d'ailleurs. Hendrix, Davis, Ferré, Manset, même combat. Que nous reste-t-il aujourd'hui ? La glaciation de l'espérance, ou saurons-nous, un jour, pourquoi nous avons des Enfants ? Pour en faire des soldats ; sans drapeaux, sans fusils, sans ennemis qu'eux-mêmes...
De ce point de vue, cette comparaison, avec le meilleur des années 70, est pour nous un honneur ; c'est la plus juste même si elle est forcément réductrice, car, dans la liberté du présent, rien n'est comparable - rien de comparable.
Ainsi, même si la plupart des chroniques sur Ænthéos font reférence à d'excellents prédécesseurs, Ange le plus souvent, les Floyds, Yes ou Magma ; il reste la manière toute particulière d'en être l'héritier. Il nous semble que lorsque nous touchons du doigt la création, en musique, ces influences deviennent des références - et ce, quel que soit le niveau, la virtuosité, le professionnalisme des musiciens ; il nous arrive très souvent, dans les concerts, de trouver bien plus de talent chez des groupes d'amateurs inconnus, que chez des dinosaures patentés.
En fait, la référence aux groupes des années 70 se justifie, non pas tant parce qu'elle serait effective, mais bien parce que nous les rencontrons sur un même fond, et parce que nous tentons d'exprimer, dans des atmosphères musicales et textuelles proches et différentes à la fois, la même "autre chose". Je comprends qu'il faille référer à tel ou tel grand groupe. C'est avant tout une question de probité intellectuelle. La création ex nihilo étant une douce illusion ; nous pensons toujours avec et contre d'autres, nos prédécesseurs, nos contemporains, quels qu'ils soient. Cependant, il faut revendiquer sa paternité, la reconnaître.
Cela pose la délicate question du propre de l'œuvre. La création est, malgré et en dépit du groupe, de la société, une affaire individuelle - non pas égoïste, mais indivisible. Carrefour d'influences, creuset de contradictions, un individu, est, un jour, ou jamais, une synthèse. Lorsqu'elle devient possible et consciente d'elle-même, cette synthèse se fait discours, position, elle s'affirme en disant " Non ! "; bientôt elle est vision du monde, engagement : c'est ce qu'on appelle, par défaut, une " personnalité ". Mais, précisément, et cela n'est pas paradoxal, la création commence lorsque cette prétendue personnalité touche à l'Impersonnel (aux sens forts de ce terme) ; c'est-à-dire à ce qu'il y a de propre, de particulier en chacun de nous - tous. Créer, accueillir en soi l'autre pour le restituer dans la forme, l'objectiver : musique, poème, tableau, sculpture, ..., ou encore, engagement politique, culturel, projet fondamental de vie - car je pense que rien n'est plus esthétique que d'être l'artiste de sa propre vie - fut-ce au risque d'être, au bout du compte, l'artisan de son malheur.
On voit combien la question de l'héritage culturel est épineuse. Il faut pourtant y couper court en revendiquant ses orientations, en soulignant que ce n'est même pas une question de choix, et que c'est la seule voie(x), pour nous, qui permette de dire "autre chose".

La plume ne semble pas vous faire peur : tant sur l'album que sur votre correspondance, on assiste à un feu d'artifice de jeux de mots, d'allitérations... Dites-nous en plus à propos de votre prolixité ?

Marc d'Ænthéos - Sur une question aussi pointue je ne peux que parler en mon nom propre, puisque, à cette heure, je suis ,dans le groupe, celui qui écrit.
Détrompez-vous, la plume me fait peur. On dit souvent " N'ayons pas peur des mots ! ". Mais, les mots me font peur, m'ont toujours fait peur. Un mot ce peut être un puits au-dessus duquel je me penche, une branche incertaine sur laquelle je me risque, une planche pourrie où je m'avance ; un mot c'est un vertige, un malaise, un haut-le-cœur. Pire encore, quand la plume va toute seule: les mots s'imposent d'eux-mêmes, vous n'avez plus le choix - l'a-t-on jamais? Même, lorsque dans cette véritable frénésie d'écriture, cette prolixité dont vous parlez, il y a des instants de pure félicité, cela retombe très vite et le mal prévient d'une nouvelle saignée d'encre. Il est toujours grave d'écrire. Il ne s'agit pas de dire quelque chose, de faire passer un message, de revendiquer je ne sais quelle "vérité", mais il faut assumer de ne jamais avoir le choix, de laisser votre tête couler jusqu'au bout de vos doitgs, et par la plume de tracer ce qui s'écrit : c'est nécessaire. Cela n'a rien à voir, non plus, avec de l'écriture automatique. Je crois plutôt que c'est comme une hypertrophie de la parole intérieure qui cherche des oreilles, une sorte de logorrhée vitale qui, in-entendue, trouve son champ d'expansion dans l'écriture. D'ailleurs, je n'écris vraiment que lorsque je m'adresse à quelqu'un, en particulier ; je pense qu'il n'y a vraiment d'écriture qu'épistolaire. Écrire c'est s'adresser à, c'est un entretien permanent, voire une dispute - une confession. D'ailleurs, bon nombre de mes textes utilisent le tutoiement, sont une invitation au dialogue, au combat d'idées.
Pour ce qui est des " jeux de mots ", ils n'en sont pas. La plupart du temps j'écris debout, la guitare sur les tripes, et je ne retiens rien qui ne soit, à mes oreilles, musical. Étant insomniaque, j'écris la nuit, ce qui renforce la matière sonore de l'écrit ; C'est pour cela que j'écris des paroles, non pas parce qu'elles seront peut-être chantées, mises en musique, mais bien parce qu'elles sont d'emblée des mots dits, avant d'être écrits. Le sens doit sonner, être en bouche, être pleinement musical. Vous comprenez pourquoi, alors, ce ne sont pas des jeux de mots, mais des homophonies qui, dans leurs consonances et leurs résonances réciproques, créent du sens. Lorsque j'écris
" Et tu pries, plus tu pries, plus tu es épris, plus tu es esprit...", cela n'est justifiable que parce que j'essaie de dire que trop souvent la "spiritualité" n'est qu'une emprise de la prière sur l'esprit, une ritualisation qui confine à nier l'esprit lui-même , sa liberté. L'homophonie est pour moi un concert de plusieurs sens dans le même son, le même mot. Nous rejoignons en cela aussi le sens et le pouvoir musical de l'allitération.
Pour être plus direct encore, je pense que le jeu de mot n'est souvent que le signe de la pauvreté de l'esprit qui s'y complaît ; un simple jeu d'esprit, fondée sur l'équivoque - facilité, futilité.

Idem pour les citations (le plus souvent de philosophes ou de poètes) : ne pensez-vous pas que ce déluge raffiné de mots et de maximes puisse vous enfermer dans une sorte de " tour d'ivoire ", dans laquelle les auditeurs ou les lecteurs ne pourraient accéder ?

Marc d'Ænthéos - C'est un risque, donc une forme supérieure de respect.
Il faut cesser de penser que la pensée, la réflexion, la poésie, la musique, que tout cela suppose, comme on dit, du bon goût, cultivé, une sorte de raffinement intellectuel. Mon cul ! " La poésie est dans la rue, avec la musique, avant l'université !" a gueulé un jour Ferré sur scène. Vouloir se mettre à la portée du public c'est forcément le ravaler dans l'inférieur, avec condescendance, avec la bonne conscience de celui qui se croit au-dessus. Je préfère être incompris.
J'ai trop connu la misère spirituelle pour ne pas la combattre ; et, de nos jours, elle est partout, dans tous les milieux, surtout là où elle se donne des airs contraires - si vous voyez ce que je ne veux pas dire.
Il est vrai toutefois, que c'est aussi une question d'éveil personnel. Si, du plus profond de son amour, une mère (un père!) fait manger de la merde à son enfant, a grand coup de petite cuillère, en lui disant que c'est bon, il y a de forts risques pour qu'à l'âge adulte il en mange avec plaisir, à pleine louche.
Je vais enfoncer des portes ouvertes ; mais il est clair qu'il ne faut jamais confondre intelligence et instruction ; l'intelligence de l'esprit est du côté de la sensibilité, de l'émotion, de la réceptivité. Tout un chacun peut réagir à la parole d'un poète, d'un philosophe, pour peu qu'elle soit opportune, nécessaire, qu'elle sache s'offrir au bon moment. Chacun de nous a fait l'expérience d'avoir entendu une phrase dix fois, vingt fois, sans en être touché, et un jour, sans savoir pourquoi ni comment, nous la recevons en plein cœur, en plein corps, elle nous chavire la tête. Il n'y a aucune démagogie à penser que nous sommes tous capables d'émotions intellectuelles, d'abord, puis d'efforts pour, tout simplement, en savoir plus, être plus lucide, moins ballotté par les courants et les modes.
Je ne donne pas dans l'angélisme, je sais que ce qu'on appelle le "grand public" ne peut pas s'intéresser à ce que j'écris ; il ne s'agit même pas de le toucher. Il faut aussi savoir à qui on s'adresse ; cependant, il est toujours possible, qu'une musique, qu'un texte, vivant de sa propre vie, fasse des "miracles" et touche ce qui reste d'humain en chacun de nous ; mais là, ça relève du génie, de l'inspiration pure. Il existe quelques artistes qui ont connu cette acmé de leur art. Mais, c'est un long, long chemin. Donc, pas de " tour d'ivoire " : j'aime trop les éléphants pour ça !

Pouvez-vous nous parler des réactions reçues de la part de votre entourage (famille, collègues...) et des professionnels de la musique (labels, distributeurs, magazines) par rapport à votre album ?

Ænthéos - L'étonnement, la surprise, le plus souvent.
Pour la famille et les proches c'est difficile de bien comprendre leurs réactions ; ici, on aime parce que c'est nous, là, on n'aime pas parce que c'est nous. Pour ce qui est des distributeurs, tourneurs, radios, etc., nous avons toujours eu, pour ceux qui répondent, un bon accueil ; la plupart d'entre eux nous disent : "Votre démarche esthétique est vraiment originale, très intéressante, la musique porte bien des textes forts, évocateurs; les musiciens ont un savoir-jouer indéniable, etc." Mais, il y a un MAIS monumental.
" Mais je ne peux rien faire, je ne sais pas comment distribuer votre disque." (sic.) Pourquoi?, répondons-nous, faussement naïfs. " Ce n'est pas commercial, ce n'est pas festif..." et, on a même ajouté, une fois, " par certains aspects votre musique est dépressive." Et voilà, tout est dit ! C'est pourtant bien vrai, mais de quelle "dépression", de quel effondrement vient notre volonté, notre enthousiasme. Au fond, aussi réalistes et sincères que soient les propos des commerçants de l'art, ils participent à creuser cette dépression, la fosse où ils nous enterrent vivants. Mais, qu'ils prennent garde, c'est du fond de cette dépression fondamentale que se fomentent toutes les révoltes - en silence, pour le moment...
Aussi, peu prennent le risque de nous distribuer car ils ne savent pas comment vendre notre album, vendre nos concerts. Alors, il n'y aurait là que réponses de courtoisie - allez savoir!
Le Label Muséa nous distribue par V.P.C - Depuis peu Progpulsion, d'autres sont en cours de négociation. (Novalis, R.S.C., M.S.I.). Mais, cela reste très marginal, et les ventes se font au compte-gouttes.
L'essentiel est ailleurs, dans la presse d'abord. Du Fanzine à la presse nationale, tous les articles témoignent, sans complaisance, d'une véritable écoute. Si je devais résumer l'ensemble de leur écho je retiendrais les deux extraits suivants : " Insolite, déroutante, la poésie musicale d'Ænthéos est souveraine de séduction pour qui cherche autre chose." et, " Une excellente création française. Personnellement je me suis régalé. A réserver pour les initiés - qui ne sont pas ceux que l'on croit. "

Dans les témoignages des auditeurs ensuite. Il est toujours extrêmement émouvant de recevoir des lettres, d'inconnus ou d'artistes, nous encourageant à persévérer, et il n'est pas rare qu'elles soient accompagnées de parrainage, de commandes privées de disques.

Que faites-vous dans la vie à part Ænthéos ?

Ænthéos - Rien, sinon de l'alimentaire, comme la plupart des gens qui bossent. Si nous avions le choix nous ne ferions plus que de la musique. Seul Marc, qui n'a pas non plus le choix, fait d'Ænthéos sa vie - à part...

Quels sont vos projets ?

Ænthéos - Confirmer. Mettre en place une tournée à travers la France et sortir le nouvel album, " Sur tes traces...", pour l'automne 2000 .
D'ici là nous devons trouver 80 000 Frs.

Le mot de la fin sera le vôtre...

Ænthéos - Il est plus difficile de s'arrêter que de commencer. Le mot de la fin est souvent le mot " fin " lui-même. Alors, il en sera autrement, et pour l'heure, je vous offre en partage un aphorisme de René Char ; dans la mesure où, depuis de longues années j'essaie de me l'approprier, de bien en saisir la portée, de le faire mien. À vous :

" Notre héritage n'est précédé d'aucun testament. " René Char